Dr. Jonthan Roberge et Dr. Fenwick McKelvey sont fiers de lancer notre deuxième rapport Shaping AI sur la gouvernance de l’IA au Canada de 2011 à 2022.
Basé sur une enquête de trois ans sur la gouvernance nationale et provinciale de l’IA, les principales conclusions du rapport sont les suivantes :
- La gouvernance canadienne de l’IA est axée sur la politique économique et industrielle. L’investissement symbolique national dans l’IA – la promotion du caractère canadien de l’IA – empêche toute discussion critique sur la technologie et ses risques.
- La gouvernance de l’IA n’est pas coordonnée et manque de mandats clairs, de consultation et de mécanismes efficaces de retour d’information, ce qui nuit à la bonne gouvernance et à la participation du public.
- La politique en matière d’IA est marquée par des silences notables sur des questions essentielles, notamment les droits des peuples autochtones et la souveraineté des données, les secteurs de la création et de la culture, et les coûts et impacts de l’IA sur l’environnement.
- Le gouvernement du Canada est un acteur clé du développement et du déploiement de l’IA qui reste sous-étudié dans la législation actuelle.
Nous sommes parvenus à ces conclusions sur la base d’enquêtes portant sur une série de sujets, notamment l’élaboration de l’évaluation de l’impact algorithmique du gouvernement canadien, la manière dont les préoccupations éthiques relatives à l’IA sont contournées au cours de la procédure de passation des marchés, les consultations publiques imparfaites sur l’utilisation des technologies de reconnaissance faciale, l’historique de l’implication de l’Institut canadien des recherches avancées dans la recherche sur l’IA et l’administration de la politique nationale en matière d’IA, ainsi que l’utilisation controversée d’une technologie d’IA à caractère raciste par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada.
Les idées et opinions exprimées dans chaque chapitre sont celles des auteurs eux-mêmes. Collectivement, le rapport souligne la nécessité d’améliorer les consultations démcoratiques sur l’IA ainsi que la participation du public à la gouvernance de l’IA. Les chapitres remettent également en question plusieurs hypothèses et efforts qui ont conduit à l’élaboration de la loi sur l’intelligence artificielle et les données, puis à son inclusion dans la mise en œuvre du projet de loi C-27. Le processuss d’adoption de cette loi soulève des inquiétudes non seulement au sujet de l’IA, mais aussi au sujet de l’élaboration de la politique numérique et témoigne de l’état fragile de la gouvernance démocratique, de la responsabilité et de la surveillance au Canada.
Shaping AI fait partie d’un projet de recherche en sciences sociales multinational et multidisciplinaire qui examine les trajectoires globales du discours public sur l’IA dans quatre pays (Allemagne, Royaume-Uni, Canada et France) sur une période de dix ans (2012-2021). Financé par l’initiative European Open Research Area pour une période de trois ans (février 2021 – février 2024), Shaping AI rassemble des équipes de recherche de premier plan de chacun des quatre pays étudiés.
La recherche pour ce rapport a été coordonnée par Sophie Toupin et Fenwick McKelvey. Ce rapport rassemble les recherches menées dans le cadre des activités de recherche sur les politiques canadiennes de Shaping AI qui se sont déroulées de 2021 à 2023.
Nous remercions Blair Attard-Frost et Aaron Tucker pour la révision par les pairs du rapport.
Cette collection éditée s’appuie sur des recherches soutenues par le Conseil de recherches en sciences humaines.
L’équipe de recherche
L’équipe de recherche canadienne est dirigée par:
Fenwick McKelvey est professeur agrégé en politiques des technologies de l’information et de la communication à l’Université Concordia. Il est l’auteur de Internet Daemons (University of Minnesota Press, 2018), lauréat du prix du livre Gertrude J. Robinson 2019 de l’Association canadienne de la communication.
Jonathan Roberge est professeur titulaire à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) à Montréal. Il a financé le Nenic Lab dans le cadre de la Chaire de recherche du Canada en culture numérique, qu’il occupe depuis 2012. Ses plus récents volumes édités comprennent Algorithmic Culture (Routledge, 2016) et The Cultural Life of Machine Learning (Palgrave, 2020).
Sophie Toupin est professeure adjointe au Département d’information et de communication de l’Université Laval à Québec. De 2021 à 2023, elle a été chercheuse postdoctorale à l’Université Concordia (programme Horizon) où elle a examiné les perspectives critiques sur l’intelligence artificielle.
Guillaume Dandurand est chercheur postdoctoral à l’Institut national de la recherche scientifique, à Montréal. Il est coéditeur de Les économies de la promesse (Presses de l’Université de Montréal, 2022). Sa recherche doctorale a été récompensée par le York University’s Dissertation Prize (2019) et a été incluse dans la liste restreinte de l’International Convention of Asia Scholars Social Sciences Dissertation competition (2021).
L’équipe comprend (par ordre alphabétique) :
Marek Blottiere est assistant de recherche pour le projet de recherche Shaping AI. Dans le cadre de sa maîtrise en études culturelles financée par le FRQSC à l’Institut National de la Recherche Scientifique, Blottiere étudie l’écosystème médiatique montréalais et la façon dont il façonne les politiques culturelles de l’IA.
Nicolas Chartier-Edwards est étudiant au Doctorat Sur Mesure à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et détient une maitrise en sociologie de l’Université Laval. Ses travaux portent principalement sur l’intégration des technologies d’intelligence artificielle dans la production du social et plus précisément, dans le cadre de sa thèse, sur la transformation de la gouvernance canadienne par le déploiement de ces mêmes technologies dans les fonctions administratives des différents paliers étatiques, sois municipaux, provinciaux et fédéraux.
Nick Gertler a récemment obtenu une maîtrise en études médiatiques de l’Université Concordia. Financée par des bourses du CRSH et du FRQSC, sa thèse porte sur les évaluations d’impact des algorithmes et la gouvernance algorithmique au Canada.
Etienne Grenier est un artiste et un chercheur travaillant dans le domaine des cultures numériques. Actuellement candidat au doctorat à l’Institut National de la Recherche Scientifique à Montréal, il étudie les impacts de la datafication sur la production culturelle. Il maintient une pratique créative active dans le domaine des arts numériques et ses installations et performances ont été présentées dans des instituts de renom.
Robert Hunt est candidat au doctorat en communication à l’Université Concordia, à Montréal. Sa recherche doctorale, financée par le CRSH, porte sur la mise en œuvre de l’intelligence artificielle dans la gestion des ressources humaines et du capital humain. Ses travaux ont été publiés dans Social Media + Society, le Journal of Information Policy et la collection éditée Affective Politics of Digital Media (Routledge, 2021).
Maurice Jones est un conservateur et un chercheur en IA critique basé à Tiohtià:ke/Montréal et à Tokyo. Il est candidat au doctorat à l’Université Concordia de Montréal, chercheur associé à l’Institut Humboldt pour l’Internet et la Société à Berlin, et directeur artistique du festival de créativité numérique MUTEK.JP à Tokyo. Ses recherches portent sur les investigations critiques des politiques technologiques, les perceptions interculturelles de l’intelligence artificielle et la pratique curatoriale en tant que recherche-création.
Robert Marinov est étudiant au doctorat en communication à l’Université Concordia et détient une maîtrise en sciences politiques de l’Université d’Ottawa, où sa thèse a remporté le prix de thèse de la Commission des études supérieures en sciences humaines. Ses recherches portent sur l’utilisation des plateformes émergentes de jumelage numérique à des fins de gouvernance et de durabilité, ainsi que sur leurs intersections avec l’intelligence artificielle. Ses travaux ont été publiés dans des revues telles que la Revue canadienne de science politique, Communication Review, Politics & Policy et Critical Studies in Media Communication.
Meaghan Wester est titulaire d’une maîtrise en études médiatiques de l’Université Concordia, financée par le CRSH ; sa thèse analysait la gouvernance de l’IA par l’entremise des marchés publics. Wester est la lauréate du Prix CRTC 2022 pour l’excellence en recherche sur les politiques. Elle utilise les lentilles des études féministes sur les infrastructures et des STS féministes dans ses différents travaux de recherche.